Allemagne : la durabilité du bio interrogée
Quatrième pays producteur de bio en termes de surface au sein de l'Union européenne, avec 1,5 millions d'ha, l'Allemagne est aussi dans le top 3 mondial des marchés du bio alimentaire avec plus de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. L'agriculture bio n'est pas plus durable que l'agriculture conventionnelle. Cette conclusion iconoclaste vient du dernier avis sur la durabilité rédigé par le Bundestinstitut für Riskobewertung (BfR), l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques. Le BfR, organe consultatif pour la politique agricole, l'alimentation et la protection des consommateurs, est une agence scientifique qui relève du ministère allemand de l'Agriculture. Cette agence s'était plutôt distinguée dans le passé pour des prises de positions plus facilement reprises par les contestataires de l'agriculture actuelle et par les bios. Une partie de ce rapport est consacré à des recommandations pour orienter la consommation, telles que la suppression du taux réduit de TVA sur les viandes pour diminuer les achats, une taxation plus forte des boissons sucrées et plus réduite pour les fruits et légumes. D'autres propositions concernent, par exemple, l'alimentation dans les cantines scolaires, l'eau du robinet, ou un système à points pour distinguer la durabilité des produits.
«Pas la grande solution»
Mais la partie la plus explosive du rapport souligne que les soutiens publics sont trop focalisés sur l'agriculture bio. Certes, le conseil recommande de poursuivre le soutien à l'extension de l'agriculture bio pour une alimentation durable. Mais il estime que le bio n'est pas la grande solution et l'instrument essentiel ou unique pour résoudre les problèmes environnementaux de l'agriculture. Pour ce conseil, la faiblesse de l'agriculture bio est dans ses rendements. Elle conduit aux mêmes émissions de gaz à effet de serre que l'agriculture conventionnelle. Par exemple, un kg de viande bio n'a pas forcément une empreinte CO2 inférieure à celle d'un kg conventionnel. Les moindres rendements sont en outre très problématiques face à l'augmentation de la population mondiale, comme le montrent beaucoup d'autres études. Tabler ici, uniquement sur le bio, nécessite d'intensifier ailleurs. Conclusion : des systèmes de production à efficience élevée à la surface peuvent être plus durables que le bio. Et le soutien à l'agriculture bio serait le plus utile pour protéger les eaux, c'est-à-dire dans les zones dites rouges.
L'application du règlement européen reportée d'un an
La demande des organisations professionnelles agricoles françaises et européennes était récurrente et soutenue. Elles demandaient le report d'un an de la nouvelle législation sur l'agriculture biologique. Elles ont été entendues par la Commission européenne qui a accédé à leurs demandes. Ainsi, le règlement qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2021 ne sera effectivement appliqué que le 1er janvier 2022. Ce règlement prévoit, notamment, un maintien du lien au sol, un élargissement de la gamme des produits biologiques certifiés (laine, sel, cire d'abeille par exemple), un système de contrôle plus ciblé, des règles d'importation plus fermes ainsi qu'un étiquetage clair et fiable.
Danyel (75) | 29 septembre 2020 à 09:18:36
Bonjour, pourriez vous donner les références de l'avis du BFR à la source de cet article. J'avoue ne pas l'avoir trouvé sur leur site... Merci
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