Année noire pour l’agriculture française : de nouveaux dispositifs à trouver
L’agriculture française vit une année 2016 exceptionnellement difficile. Les aléas climatiques en chaîne sont venus jouer les invités surprise d’une conjoncture déjà bien gâchée par des prix en chute libre. Céréales, élevages, fruits et légumes, aucun secteur n’a été épargné. En cette rentrée compliquée, les chambres d’Agriculture ont souhaité faire le point sur la situation. «Les dégâts se chiffrent à plusieurs milliards d’euros pour la ferme France», annonce Guy Vasseur, président de l’APCA lors de la conférence de rentrée tenue le mercredi 7 septembre au siège. Au gel et surtout aux inondations de cet été qui ont fortement dégradé les récoltes, s’ajoute une situation des marchés particulièrement néfaste. Le secteur de l’élevage, laitier et allaitant, affiche lui aussi des prix payés producteur extrêmement bas. Le président de l’APCA dénonce une Europe à nue, «sans véritable filet de sécurité» face à la volatilité des prix. La future Politique agricole commune (PAC) devra, selon lui, trouver de nouveaux dispositifs pour pallier à ces manquements afin de redonner aux producteurs la possibilité de se projeter sur le long terme. Le représentant agricole, qui rappelle s’être opposé à la fin des quotas, critique la position européenne quant à l’embargo russe. L’agriculture française subit de plein fouet cette situation politique.
Accompagner l’humain reste la priorité
«La crise c’est ça, c’est la souffrance des femmes et des hommes», souligne Guy Vasseur. Proposer des formations ou des reconversions fait partie des solutions à privilégier pour ceux qui souhaitent arrêter leur métier. «Je demande à ce que l’ensemble des organisations agricoles tiennent le même langage aux paysans», insiste-t-il. Le président de l’APCA souhaite que, dans la majorité des cas et dans la mesure du possible, l’accompagnement par les chambres départementales des hommes et des femmes en difficulté se fasse «le plus gratuitement possible».
Demande d’une réassurance publique
Le système assurantiel revient de plus en plus dans les débats. La profession agricole dans son ensemble souhaite revoir son dispositif pour le rendre plus adapté aux réalités du marché. «Il faut assurer la réassurance par le public», soutient Guy Vasseur. Pour l’heure, la réassurance se pratique majoritairement via des fonds privés. L’Etat doit, selon les professionnels agricoles, venir compléter ce dispositif. «Cela se pratique déjà au Québec, au Canada, aux Etats-Unis et en Espagne», informe le président de l’APCA. Concernant l’assurance-récolte, le seuil des 30 % reste un handicap pour convaincre les agriculteurs de souscrire à la démarche. «Le risque ne vaut pas la chandelle. Ce n’est pas intéressant par rapport aux cotisations», évoque Claude Cochonneau, vice-président de l’APCA.
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