Colloque Cuma - Les voies nouvelles de la coopération agricole de production
Face aux mutations de l’agriculture et à la montée en puissance des différents modes de production, les agriculteurs s’investissent de plus en plus dans différents modes d’organisation collective. Au nombre de 12 000 en France, les Coopératives d’utilisation du matériel agricole (Cuma) qui associent 240 000 agriculteurs constituent toujours une réponse moderne aux nécessités pour les agriculteurs de s’organiser collectivement et de réduire les coûts de production. Mais elles ne constituent plus la seule et unique solution pour affronter les défis de l’agriculture moderne liés à la mondialisation des échanges, à l’instabilité économique de plus en plus forte, à la moindre visibilité sur l’avenir ou à la nécessité de réinventer des modèles agricoles de développement, ainsi que l’a rappelé Luc Vermeulen, le secrétaire général de la FNCuma. Le colloque organisé le 4 décembre 2012 par la Fédération nationale des Cuma à Montrouge près de Paris visait à restituer les réflexions engagées sur les nouvelles façons des agriculteurs de s’organiser en commun. L’idée de la coopération agricole de production n’est pas nouvelle. Dès l’après guerre, René Colson, secrétaire général de la Jeunesse agricole chrétienne (Jac) fut l’initiateur des ententes et communautés rurales qui ont débouché sur la création des groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec) dans la loi d’orientation agricole. De même ce concept de coopération agricole de production se retrouve dans les Cuma qui ont connu un fort développement à partir des années 50. D’ailleurs, l’un des phénomènes marquants dans la structuration des exploitations agricoles ces dernières années est la montée en puissance de l’agriculture sociétaire. Les Gaec par exemple occupent une place importante en élevage et en polyculture-élevage. Aujourd’hui se développe une agriculture «modulaire» où pour des raisons fiscales, sociales, d’organisation de projets, de travail l’activité d’une même exploitation agricole se distribue selon différentes formes juridiques. Les Gaec, les Cuma sont toujours là, mais sont apparus les sociétés civiles laitières, la pratique des assolements en commun, des GIE de commercialisation, la mise en commun d’atelier de transformation ou d’une unité de méthanisation, des groupements d’employeurs…. Ainsi «on remarque une explosion des agriculteurs se déclarant en pluralité de société : +101 % entre 2000 et 2010» observe Eric Mastorchio, directeur adjoint de Gaec et Sociétés. «Le groupe revient à la mode» constate pour sa part Pascal Pommereul, administrateur de Trame et vice-président de la FNGeda, comme réponse à la diversité des modes de production et à l’émergence de pratiques innovantes.Le ministre convaincuD’ailleurs, c’est sur la nécessité de remettre «le groupe au cœur du débat» et «de donner un nouvel élan» à l’organisation collective, que Stéphane Gérard, le président de la FNCuma, a interpellé le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. En déplorant que le Gouvernement «donnait des signaux faibles», aux coopératives, notamment dans le projet de loi de Finances et dans le Crédit d’impôt compétitivité que les députés viennent d’adopter. Message reçu par le ministre de l’Agriculture qui a insisté sur l’importance de la dimension collective pour traiter de certains problèmes agricoles. Comme la gestion du dossier environnement où a été privilégiée une approche individuelle qui s’est traduite par une accumulation de normes applicables à l’exploitation, souvent absurdes et que les agriculteurs ne comprennent pas ou sont très réticents à appliquer. Alors qu’il aurait fallu insister sur «la dynamique collective». «La dimension collective est le seul moyen de concilier l’économie et l’écologie», chères au ministre de l’Agriculture qui souligne que ce sont «les schémas collectifs qui vont permettre la diffusion de nouveaux itinéraires de production de bonnes pratiques». C’est la raison pour laquelle ils seront inscrits dans la loi d’avenir de l’agriculture actuellement en préparation.
La réforme de la DPI à l’ordre du jour
«La fiscalité incitative à l’achat de matériel n’a pas de sens» a déclaré Stéphane Le Foll lors de son intervention au colloque organisé par la FNCuma sur la Coopération agricole de production. «Nous allons rapidement réformer la fiscalité de la DPI (dotation pour investissement)», a-t-il précisé en évoquant l’abandon de la défiscalisation sur le matériel. La réforme pourrait être adoptée prochainement dans le cadre de la loi de Finances rectificative pour 2012 et s’appliquer à partir de 2013.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Agriculteur de l'Aisne se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,