Des risques de déserts vétérinaires d’ici 5 à 10 ans
Pour la première fois, l’Observatoire national démographique de la profession vétérinaire publie un Atlas démographique qui dresse un état des lieux de la profession sur le territoire français. S’il ne souligne aucune désertification en milieu rural, le document met en exergue des points d’attention pour que l’adéquation entre besoins et services demeure dans les années à venir. Peut-on parler de déserts vétérinaires sur certaines zones du territoire français ? «Aujourd’hui, le maillage vétérinaire n’a jamais été pris en défaut», a rappelé Jacques Guérin, vice-président du Conseil supérieur de l’ordre vétérinaire (CSOV), lors de la présentation du premier Atlas démographique de la profession vétérinaire, le 15 décembre. En dressant un portrait démographique et géographique des 18 000 vétérinaires exerçant en France, ce travail permet néanmoins d’identifier les points de tensions à surveiller pour maintenir ce maillage vétérinaire dans les territoires. Ce qui commence par faire connaitre les atouts (y compris l’attrait financier) de l’exercice en milieu rural auprès d’étudiants majoritairement issus des villes.
Le gouvernement finance d’ores et déjà des dispositifs en ce sens, mais l’Observatoire de la profession vétérinaire recommande d’amplifier l’attention aux facteurs influençant l’installation et le maintien des vétérinaires dans les territoires. A noter que la profession s’inquiète d’ailleurs de l’augmentation des abandons de poste en cours de carrière. Un problème pour l’élevage bovin C’est avant tout l’élevage bovin qui risque d’être menacé, car le besoin de proximité est très important pour les naissances, les soins des veaux et les urgences. Si aucune attention particulière n’est portée à cette question, «on risque d’avoir des éleveurs qui arrêtent le métier», témoigne Pascal Férey, président de la FRSEA de Basse-Normandie, lui-même éleveur de bovins. Il insiste de son côté sur la nécessité de favoriser les rencontres territoriales sur ce sujet pour anticiper les besoins des agriculteurs et renforcer les liens avec les vétérinaires. Autre problème identifié par l’Atlas, la désertification risque de toucher la périphérie des grandes villes où la densité animale est faible comme dans le Centre-Val-de-Loire ou le Sud-Ouest (autour de Bordeaux). Quand la densité animale autour des villes est forte, comme à Paris ou Lyon, le danger porte sur «la perte de compétence» vis-à-vis des animaux de rente quand «plus de 80 % de la pratique concerne les animaux de compagnie», indique Jacques Guérin. Autant de pistes de réflexion pour maintenir un maillage vétérinaire géographiquement adéquat, mais qui corresponde également aux besoins de la profession agricole. L’atlas est consultable sur le site www.veterinaire.fr.
Les représentants de la profession souhaitent l’actualiser tous les ans.
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