Interview de Gilles Brenon, président de Gaec & Sociétés - Les Gaec fêtent leurs cinquante ans «Le combat pour la transparence est toujours d’actualité »
Cinquante ans après la création des Gaec, les valeurs de solidarité, d’humanisme et de respect mutuel doivent toujours être mises en avant.
- Quel a été votre parcours jusqu’à votre élection à la présidence de Gaec & Sociétés ?
Gilles Brenon : Je suis associé du Gaec de l’Orme, agréé en 1969, en polyculture élevage et circuit court dans l’Ain. N’étant pas moi-même fils d’agriculteur, j’ai commencé en tant que salarié après ma formation agricole en 1985. Je suis devenu associé du GAEC en 1998 ; aujourd’hui nous sommes quatre associés, tous installés hors du cadre familial. Nous exploitons 230 ha de cultures, essentiellement pour l’autoconsommation de l’élevage porcin. Nous transformons et commercialisons en vente directe une partie de notre production. Je me suis très tôt engagé dans les organisations syndicales agricoles, encouragé par mes associés, motivé pour l’agriculture de groupe et la défense de notre métier. Pour moi il est vital que l’on redécouvre l’entraide, la coopération et l’engagement syndical ou associatif. Je suis secrétaire général de la FDSEA de l’Ain, secrétaire-adjoint à la Chambre d’agriculture, président de la Commission Agriculture de Groupe de l’Ain et membre du bureau national de Gaec & Sociétés depuis 2008. Lors du dernier congrès électif de Gaec & Sociétés en juin 2011, j’ai été élu à la présidence.
- 1962-2012, vous fêtez le cinquantenaire du GAEC ?
GB : Oui, le Gaec est le fruit des grandes lois d’orientation des années 60. A l’époque, l’idée était d’inciter les agriculteurs à moderniser leurs exploitations et à améliorer leurs conditions de vie familiale en se regroupant tout en conservant leur statut de chefs d’exploitation. Les promoteurs refusaient l’agro-business à l’américaine et la collectivisation des terres ; ils ont souhaité construire une voie alternative qui place l’Homme au cœur du projet. Aujourd’hui ce projet a évolué mais reste totalement d’actualité, nous entendons bien le rappeler à l’occasion de ce cinquantenaire.
Une motion- Et le mouvement agriculture de groupe ?
GB : Pour ce qui concerne l’économie, les sociétés se sont énormément développées durant les 30 dernières années, aujourd’hui toutes les statistiques soulignent ce phénomène : avec 250 000 associés, dont 90 000 associés de GAEC, plus de 40% des effectifs des chefs d’exploitations et 60 % du potentiel économique des exploitations françaises sont en société. Les GAEC sont utilisés pour toutes les formes d’agriculture de la plus spécialisée à la plus diversifiée. Ils sont une force importante dans le développement de la vente directe ou des circuits courts et dynamisent le réseau des Cuma et des autres outils collectifs de l’agriculture de groupe. Mais, le mouvement d’agriculture de groupe[1] est aussi porteur des valeurs de solidarité, d’humanisme, de respect de l’autre, de travail, de liberté... Ces valeurs sont portées par la plupart des associés de groupements mais elles ne sont pas suffisamment mises en avant. Pire même, les réglementations incitent de moins en moins au regroupement : on refuse de reconnaître tous les associés d’un Gaec (ce qui est contraire à la transparence), l’installation de jeunes en sociétés n’est pas favorisée par les réglementations… Alors, nous poursuivons notre combat pour la «transparence Gaec», le principe inscrit au code rural qui dit qu’un associé de GAEC ne doit pas être moins bien traité qu’un exploitant individuel. Nous profitons d’ailleurs des 50 ans de la loi pour faire signer une motion à tous les associés de Gaec qui souhaitent défendre leurs droits et faire entendre leur voix. Nous travaillons aussi pour faciliter l’entrée des jeunes dans les Gaec, nos réflexions portent sur des outils destinés à aménager la transmission, à faciliter le portage financier, mais également sur l’accompagnement humain des sociétés, pierre angulaire pour la réussite de la vie des groupes.
[1] GAEC & SOCIETES réunit les sections et commissions agriculture de groupe de plus de 60 départements.
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