L'agrofourniture s'adapte pour mieux la protéger
Si la relation entre agriculture et environnement est souvent montrée sous un angle négatif, le secteur agricole a pourtant le souci et le besoin de protéger les terres pour garantir la durabilité de son outil de travail et la qualité de ses produits. L'agrofourniture a donc aussi vocation à favoriser la biodiversité.L'agriculture interagit avec la biodiversité sur plusieurs plans : utilisation en tant qu'auxiliaire de culture, contrôle des bio-agresseurs, création de biodiversité par l'entretien des paysages ou la sélection variétale, explique Ronan Vigouroux, de l'UIPP, au début du Forum Agrofourniture et Biodiversité organisé par l'Afja (Association française des journalistes agricoles) et le Syrpa, réseau des agrocommunicants, le 21 novembre. Si les phytosanitaires sont en effet en première ligne des attaques des écologistes contre les pratiques agricoles, la filière travaille sur plusieurs axes de progrès, notamment l'amélioration du profil des substances actives et la promotion des bonnes pratiques. Les règles d'homologation des substances vont également en ce sens : pour un dossier de mise en marché d'une molécule d'intérêt aujourd'hui, le coût avoisine les 350 millions de dollars. «Les études d'impact sur l'environnement représentent 40 % du coût» précise Ronan Vigouroux. L'évolution de la réglementation permet aussi de conserver et de développer la diversité des semences, explique de son côté François Burgaud, du Gnis : avec le Tirpaa, les Etats sont invités à mettre leurs ressources génétiques dans le domaine public. Un décret de la loi biodiversité doit par ailleurs définir les conditions dans lesquelles l'Etat français va gérer ses ressources génétiques pour l'agriculture et l'alimentation.
Attentes sociétales
Pour Philippe Eveillard, en charge du dossier Environnement à l'Unifa, «le lien entre fertilisation, fertilité et biodiversité du sol est complexe : la biodiversité des sols cultivés est modifiée, mais l'activité stimule aussi la biodiversité». Alors que la recherche de productivité est une critique souvent adressée à l'agriculture par la société civile, «grâce à la productivité, on a moins de terres agricoles et davantage de forêts», poursuit-il. Sans compter que les exigences de verdissement de plus en plus grandes de la PAC poussent aussi à libérer des terres au bénéfice des surfaces d'intérêt écologique. Or, la biodiversité contribue à ces gains de productivité : les sols, entretenus par les bonnes pratiques agricoles, constituent un réservoir pour 25 % de la biodiversité terrestre. L'Unifa travaille donc également à préserver et à développer cette biodiversité, en encourageant l'utilisation de biostimulants qui améliorent la nutrition de la plante, ou d'amendements qui corrigent l'acidité néfaste à l'activité biologique des sols. Enfin, il ne faut pas oublier que de la qualité des terres et de l'environnement en général dépend également la santé humaine. En dépit de l'imaginaire attaché au mot biodiversité, celui d'une nature merveilleuse que l'homme viendrait menacer, on revisite avec l'agriculture et l'élevage la relation entre l'homme et son environnement, développe Jean-Louis Hunault, du Syndicat des industries du médicament et réactif vétérinaire : «il n'y a qu'une seule santé, on ne peut pas dissocier l'environnement de la santé de l'homme et de l'animal». Car si les médicaments vétérinaires répondent avant tout à la nécessité de soigner les animaux, ils sont donc garants de la sécurité alimentaire. Sans oublier que la bonne santé des animaux d'élevage passe aussi par la bonne santé des animaux sauvages, qui peuvent véhiculer des maladies. Le respect de la biodiversité est donc au coeur des enjeux pour les fournisseurs de la filière agricole, touchant jusqu'au dernier maillon, celui de la valorisation des produits et de la consommation. A ce titre, la bonne santé des abeilles est un problème global note Jean-Louis Hunault, puisque le miel produit peut contenir des résidus de pesticides. Au-delà du défi de la productivité, la préservation de la biodiversité rejoint des préoccupations sociétales que l'agrofourniture est loin d'ignorer.
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