L’ED95, le carburant local et durable pour les poids lourds
Bioéthanol, électrique, gaz, hydrogène, hybride, les technologies évoluent aussi pour les poids lourds. Pour l’instant, la solution idéale n’existe pas mais le mix énergétique a toute sa place.
Organisé les 22 et 23 avril sur le circuit automobile de Clastres dans l’Aisne, le salon Eco Mobility Days a été l’occasion de mettre en avant les nouvelles énergies destinées aux poids lourds plus respectueuses de l’environnement. Tereos, partenaire du salon, a présenté son offre ED95, un biocarburant local et durable produit à 95 % en local à partir des betteraves sucrières qui contribue à la décarbonation du transport routier. Il permet de réduire jusqu’à 88 % les émissions de CO2 comparé au diesel. C’est, à ce jour, le seul biocarburant liquide éligible à la vignette Crit’Air 1 pour favoriser les livraisons et accès dans les Zones à Faibles Emissions. Composé à 95 % d’éthanol issu de betteraves sucrières et à 5 % de dénaturant, l’ED95 est destiné aux poids lourds, cars et bus équipés d’une motorisation spécifique aujourd’hui produite exclusivement par le constructeur Scania. Il permet d’offrir aux professionnels une alternative locale et durable aux énergies fossiles.
Une baisse de 88 % des émissions de carbone
Selon une étude de l’Ademe en 2018, l’ED95 permet de réduire jusqu’à 88 % les émissions de carbone par rapport au diesel conventionnel. «Ces chiffres ont été calculés sur tout le cycle de vie. C’est-à-dire qu’on tient compte de la culture de la matière première, en l’occurrence des betteraves, de tous les intrants qui entrent dans le process de pousse, le transport de la betterave jusqu’à l’usine, sa transformation dans l’usine et l’utilisation du carburant. Sur tout le cycle de vie !» insiste Valérie Corre, directrice des Affaires règlementaires alcool/éthanol Europe de Tereos, «contrairement aux véhicules électriques dont on ne mesure que les émissions au pot d’échappement en faisant abstraction et de la production de la batterie, et de la production de l’électricité dont 75 % en Europe sont d’origine fossile». Autre avantage mis en avant dans l’étude de l’Ademe : l’ED95 émet plus de moitié moins de NOx (oxyde d’azote) que le diesel. Pour des camions effectuant la majorité de leurs déplacements en zone urbaine, le choix d’une motorisation à l’ED95 représente un atout majeur car c’est, à ce jour, le seul biocarburant liquide éligible à la vignette Critair’1 permettant l’accès aux centres-villes. «Les transporteurs soucieux de leur empreinte carbone ont un intérêt fort à intégrer cette alternative dans leur mix énergétique».
Communiquer autour de l’ED95
Tereos souhaite aujourd’hui étendre son offre d’ED95 dans le domaine du transport. Aussi, pour la campagne betteravière 2019-20 sur Origny-Sainte-Benoite, un camion roulant à l’ED95 a été mis à disposition des transporteurs. «Les retours ont été dithyrambiques en particulier sur la puissance». Il y a un an, Tereos a embauché Alexandre Ethève au poste de responsable commercial de l’ED95 Tereos pour communiquer et commercialiser ce biocarburant auprès d’opérateurs intéressés. «Aujourd’hui, à ce contexte de décarbonation du transport s’ajoute celui de la guerre en Ukraine et la dynamique de réduction voire d’arrêt des importations de gaz et de pétrole. De plus en plus d’opérateurs sont très demandeurs d’alternatives locales et durables» assure Valérie Corre. «Actuellement, 6 camions roulent à l’ED95 dans le département et les perspectives s’annoncent déjà très belles pour 2023» précise Simon Laurent, représentant notre partenaire Scania. «Une aide fiscale jusqu’à 40 % de suramortissement sur l’achat d’un camion neuf roulant à l’ED95 peut être octroyée et son prix au litre est de 85 centimes d’euro hors taxe départ usine contre 1,06 euro pour le diesel» poursuit-il annonçant que pour l’instant, ce carburant n’est pas disponible en station-service. Tereos produit l’ED95, le vend en vrac et peut aussi livrer en container jusqu’à 2000 l pour les transporteurs.
Les perspectives d’une nouvelle filière
S’il existe dans l’Aisne à base de betteraves, L’ED95 est également disponible dans le sud-ouest du pays. Il y est fabriqué à base de raisins et alimente une vingtaine de bus et camions. Pour les responsables de Tereos, «l’ED95 soutient la production agricole française, en synergie avec l’alimentaire. Il conforte la betterave dans l’assolement des exploitations agricoles, un gage de maintien du patrimoine agricole et de valorisation de la production et du revenu de nos coopérateurs». Sur le plan économique, cette boucle locale de production d’énergie représente un potentiel de croissance et contribue à la réduction de la dépendance énergétique de la France. «Cette filière durable favorise la création d’emplois non délocalisables et soutient le revenu des agriculteurs en diversifiant les débouchés dans un contexte de plus grande volatilité des cours mondiaux», a déclaré Valérie Corre qui a tenu à rappeler qu’avec 11 distilleries en Europe, dont 8 en France, Tereos est le premier producteur d’éthanol sur le marché européen.
L’ED95 produit depuis 2016 en France
Si l’ED95 est présent en Suède depuis plus de 20 ans, son histoire en France n’a débuté qu’en 2015 suite à la COP 21. Tereos, en partenariat avec Scania, le constructeur de poids lourds, a à l’époque, une grande campagne de pub en mettant à la disposition de la mairie de Paris, un bus pour transporter les officiels jusqu’au Bourget. «Nous avions créé tout un événement médiatique sur cette alternative et finalement nous avons commencé à travailler avec les autorités publiques pour que ce carburant ait une fiscalité propre et soit autorisé et intégrer dans les objectifs d’incorporation de biocarburant au titre des objectifs de décarbonation dans le cadre de la directive Energie» a expliqué Valérie Corre. En 2016, l’ED95 peut être produit et vendu. Cette même année, le transporteur saint-quentinois Houtch fait l’acquisition d’un camion Scania avec une motorisation ED95. «Aujourd’hui l’ED95 est autorisé uniquement dans le cadre de flottes captives et on est en train de faire évoluer ce point trop restrictif. Les discussions sont en cours avec l’Administration» a soulevé Valérie Corre qui assure que l’ED95 a toute sa place dans le mix énergétique.
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