La bière de Noël, un produit festif
Chaque année, les brasseurs de France et de Navarre proposent leur bière de Noël. Petit précis d’histoire et de gastronomie sur une boisson qui ne se fait pas mousser mais qui rencontre de fidèles amateurs et défenseurs.
Inventaire, qui n’est pas de Prévert, puisqu’il ne comporte que des bières de Noël : Joyeuse de Noël Ambrée du Berry, née dans l’Indre ; les nordistes Angelus Noël, Saison Saint Médard Cuvée de Noël, Choulette de Noël, Bière de Noël de Jenlain ; Thomas Becket Bière de Noël créée dans l’Yonne ; Bière de Noël Dorée brassée en Loire Atlantique ; Licorne Bière de Noël fabriquée dans le Bas-Rhin ; Mélusine de Noël issue de Vendée ; Bière de Noël Metéor qui coule dans le Bas-Rhin ; Coreff de Noël du Finistère ; Fleur de Noël de la Loire ; Tourmente de Noël des Hautes-Alpes ; Ou alors tout simplement «Bière de Noël» comme on appelle certaines dans le Bas-Rhin, le Jura, le Pays basque, le Pas-de-Calais, l’Ille et Vilaine, la Drôme ; série de Noël (Saint Claude, Oncle Hansi, Colmar, des Supporteurs) de la brasserie artisanale alsacienne La Saint Pierre ; on peut aussi y ajouter l’Affligem et la Fischer de Noël et bien d’autres… Cette liste, aux noms qui font souvent rêver, montre bien que le phénomène bière de Noël a gagné la France entière et pas seulement les zones historiques de production de bière.
Histoire mystérieuse et variée
Mais de quoi parle t’on au juste ? Car pour tous ces produits qui sont anciens, certes, on cherche toujours à savoir où et quand, pour la première fois, une population a-t’elle pu en disposer ? Et là, en général, le grand livre du mystère et des origines variées s’entrouvre et ne livre qu’une partie de sa vérité. La bière de Noël ne fait pas vraiment exception à cette règle. Pour certains, l’origine remonte au XVIIIè siècle. «Devant les difficultés de conservation, les brasseries confectionnaient autrefois leurs bières aux rythmes des récoltes. Afin d’écluser leur reste de matière première pour pouvoir accueillir la nouvelle récolte, les brasseries du nord de l’Europe utilisaient toutes leurs réserves d’orge et de houblon pour confectionner en octobre (elle était à l’origine appelée bière d’octobre) une bière destinée à être consommée à la fin de l’année. Elle était traditionnellement offerte aux employés et aux bons clients en guise d’étrennes. Cette tradition a donné lieu au commerce d’une bière de saison disponible uniquement pendant le mois de décembre». Pour d’autres, on peut remonter beaucoup plus loin. Ce qui permet de mettre en scène la mythologie, les dieux, les fêtes païennes… «La bière de Noël serait né en Norvège où on la dégustait en hommage aux dieux nordiques lors de la fête païenne de Jol. La mythologie voudrait que Odin, dieu de la guerre et de la poésie, ait lui-même livré les secrets de fabrication de ce breuvage légendaire aux hommes». Et comme toujours, il existe la version des historiens, qui se veut beaucoup plus sérieuse. «Les historiens ont, quand à eux, retrouvé la trace des premières bières de Noël dans les écrits monastiques datant de la fin du XIè siècle, notamment dans la communauté bénédictine qui maîtrisait les techniques brassicoles». Au Moyen-Âge, la période hivernale était même considérée, pour les bières d’abbaye, comme étant la meilleure pour produire les meilleures bières de l’année ! Rien que ça ! En 2010, la tradition se perpétue : 76 brasseries adhérentes de Brasseurs de France participent à l’opération Bière de Noël.