«Entre septembre 2021 et mars 2022, époque de recharge des nappes phréatiques, on observe un déficit de 20 % de cette recharge», estime le secrétariat d’Etat à la biodiversité. La situation est particulièrement délicate dans le Grand Est, le nord de l’Aquitaine, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse. En avril, le déficit pluviométrique a atteint 25 % par rapport à la moyenne dans les mêmes régions ainsi que dans le Nord-Pas de Calais. Météo-France évoque «un épisode de chaleur» qui, sans être inédit, est «remarquable par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique». Et les prévisions saisonnières pour les mois qui viennent ne sont pas très encourageantes. Elles pronostiquent «un scénario plus sec et plus chaud que la normale». D’ores et déjà 15 départements ont dépassé le seuil de vigilance et sont en situation d’alerte renforcée, voire de crise pour deux d’entre eux. Pertes de rendements Conséquence, les cultures d’hiver, de blé et d’orge notamment commencent à connaître des difficultés, dans les sols superficiels avec à la clef, des pertes de rendements déjà annoncés. «Aucune région n'est épargnée. Chaque jour qui passe, on voit des sols se craqueler. Même dans le Nord, les céréales ont soif…. Si cela continue comme ça, ceux qui ont la possibilité d'irriguer vont s'en sortir, les autres auront des baisses de rendement dramatiques», a déclaré à l'AFP, Christiane Lambert.Pour les cultures de printemps, betterave, tournesol, maïs, dont les semis et la levée dépendent des précipitations le manque d'eau se fait cruellement sentir. La production d’herbe est aussi menacée. Alors que les premières récoltes étaient considérées comme normales, la pousse est aujourd’hui fortement ralentie.
Sobriété
Sans attendre la fin de l’été et le bilan exact de la sécheresse, le ministère de l’Agriculture et le secrétariat d’Etat à la biodiversité ont annoncé, le 9 mai, une série de dispositions visant à mieux gérer la ressource en eau. Ainsi les agences de l’eau sont autorisées à ouvrir une ligne de dépenses supplémentaires de 100 millions d’euros pour financer des travaux permettant d’optimiser l’usage de l’eau pour l’abreuvement des animaux, le curage des cours d’eau, l’entretien et la réparation des ouvrages existants par exemple. Pour les agriculteurs plus spécifiquement, le guichet du Varenne de l’eau, «Révolution agricole, France 2030», est abondé de 20 millions supplémentaires. Cette enveloppe vient compléter les 20 millions déjà débloqués et à ce stade est quasiment consommés. Elle devrait servir à financer des projets visant à une meilleure sobriété pour améliorer le pilotage de l’irrigation et de nouvelles techniques d’arrosage plus économes. Enfin, outre la valorisation des jachères et leurs conversion en terres arables déjà acquis, les agriculteurs pourront accéder aux surfaces détenues par les établissements publics (camps militaires, emprises de la SNCF et des aéroports) pour nourrir leurs animaux.«Plus que jamais, il faut qu'on arrive à stocker de l'eau», plaide la FNSEA, qui alerte sur les risques d'une flambée encore plus forte des coûts alimentaires en cas de mauvaise récolte en France.
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