Le changement de pratiques, c’est maintenant
Le monde agricole doit désormais mutualiser ses expériences. C’est tout l’enjeu auquel entendent répondre les Chambres d’Agriculture. Le monde agricole ne reste pas les bras croisés face au bouleversement induit par le changement climatique. L’amélioration des techniques culturales et une bonne gestion des prairies en vue de séquestrer davantage de carbone ainsi que la lutte contre la déforestation confèrent à l’agriculture et à la forêt un rôle important dans la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES). Il reste maintenant à mobiliser et diffuser plus largement les bonnes pratiques, comme l’ont rappelé les participants à la conférence «Agriculteurs et changement climatique» organisée le 1er juillet, à Paris par les chambres d’Agriculture (APCA) et l’Association française des journalistes agricoles (Afja). Modification du système fourrager Pour Dominique Bordeau, qui conduit avec son épouse une exploitation de polyculture élevage de 42 hectares (ha) en Mayenne, lutter contre le réchauffement climatique remonte au début des années 90. Après trois années de «sécheresse», il décide de modifier le système fourrager en augmentant la surface de prairies et en réintroduisant des légumineuses. En 2009, il engage une conversion en agriculture biologique en travaillant encore à l’amélioration de l’efficacité alimentaire (fibres, durée du pâturage, flore variée). «Notre production fourragère est bien plus résistante aux aléas climatiques», a-t-il indiqué. Une meilleure autonomie alimentaire qui lui procure une amélioration durable de son revenu. Enfin, en 2012, Dominique Bordeau se lance dans l’agroforesterie (10 ha), ce qui lui permet d’élargir son regard sur les émissions de GES et le stockage carbone. L’exemple de Dominique Bordeau n’est pas isolé. Mais si les initiatives entreprises à l’échelle d’un territoire ou d’un département sont nombreuses, elles sont encore peu concertées. «Le monde agricole doit désormais mutualiser ses expériences et les faire partager par le plus grand nombre d’agriculteurs», a expliqué Guy Vasseur, président de l’APCA. Le réseau des chambres d’Agriculture mobilise pas moins de 170 conseillers sur les enjeux énergies et changement climatique, soit environ 100 équivalents temps-plein.Création de plateformes d’échanges Tous les agriculteurs ne semblent toutefois pas prêts à réorienter leurs pratiques face au changement climatique. D’autant que de nombreuses actions défendues par les politiques publiques, comme la création d’unités de méthanisation ou l’implantation de haies, restent plutôt coûteuses. «La motivation des agriculteurs est liée à l’avantage relatif qu’ils pourront espérer obtenir s’ils adoptent une pratique donnée », a commenté Bertille Thareau, membre de l’unité de recherche sciences sociales (LARESS) de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers. Un avantage qui ne cantonnerait pas à des considérations économiques mais qui peut aussi se situer au niveau de l’organisation du travail ou de l’image que les agriculteurs penseront renvoyer auprès de leurs pairs et/ou de la société. Frédéric Levrault, expert national du Changement climatique du groupe des chambres d’Agriculture, a plaidé, quant à lui, pour la création de plateformes d’échanges à l’échelle locale ou régionale pour que les agriculteurs et leurs représentants disposent d’informations pertinentes et puissent s’engager plus massivement dans l’adaptation au changement climatique. Du 30 novembre au 11 décembre, Paris accueillera la conférence internationale sur le climat. «Nous devrons être en mesure de montrer que l’agriculture française a compris tous les enjeux du changement climatique», a souligné Guy Vasseur.
Les opinions emises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. L'Agriculteur de l'Aisne se reserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et reglements en vigueur, et decline toute responsabilite quant aux opinions emises,