Les betteraviers préparent la fin des quotas
Les betteraviers misent sur la compétitivité pour affronter dans de bonnes conditions la libéralisation du marché dans deux ans et donner de nouvelles perspectives aux planteurs.
Deux campagnes avant la fin des quotas, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) se prépare à la libéralisation du marché. Certes, si la suppression des quotas sucre et celle du prix minimum de la betterave seront effectives dès 2017, le dispositif interprofessionnel et contractuel qui s’applique actuellement pour la filière betteravière sera maintenu et la CGB restera habilitée à négocier collectivement l’ensemble des conditions contractuelles figurant dans l’accord interprofessionnel et le contrat. Il n’en reste pas moins que la suppression des quotas ne sera pas sans conséquence pour les planteurs. Selon la CGB qui tient son Assemblée générale le 9 décembre à Paris, la production de sucre dans l’Union européenne va augmenter alors que les débouchés intérieurs vont se réduire du fait du développement de l’isoglucose et de l’accroissement des importations en provenance des pays tiers. La Commission de Bruxelles ne cesse en effet de signer des accords de libre-échange et d’ouvrir le marché européen du sucre. Les betteraviers évaluent à près de 300 000 tonnes l’accès au marché, sans droit de douane, obtenu par la Colombie, le Pérou et l’Amérique centrale. Avec l’Afrique du Sud, l’accord porte sur 150 000 tonnes de sucre. Si on y inclut l’Ukraine, l’Europe a cédé 0,5 million de tonnes à des fournisseurs des pays tiers, en l’espace de deux ans. Sans oublier les futurs accords en cours de négociation avec le Mercosur, la Thaïlande et les Etats-Unis sur le sucre et l’éthanol qui vont imposer de nouveaux contingents d’importation.
Marché mondial
C’est la raison pour laquelle, la filière betteravière met tout en œuvre pour améliorer sa compétitivité. Objectif principal : être présente sur le marché mondial, pour compenser la perte des débouchés communautaires. « Notre salut, c’est l’export, le marché mondial », insiste Eric Lainé, le président de la CGB. Il estime aujourd’hui à 30 % l’écart de coût de production à rattraper avec le Brésil et autant avec la Thaïlande qui mise à fond sur le développement de sa production de sucre. Outre l’allongement de la durée des campagnes betteravières (objectif 130 jours, contre 116 jours pour la campagne 2014/2015), la réduction de la tare terre, l’amélioration des process industriels, la CGB compte beaucoup sur le programme Aker pour augmenter la productivité de la betterave et réduire les coûts de production. L’objectif que se sont fixés les betteraviers est de doubler la progression des rendements et les porter à 3,5/4 % par an contre 1,7 % actuellement.
Les betteraviers comptent également sur le développement de l’éthanol pour élargir leurs débouchés. Alors que l’objectif d’incorporation a été fixé à 7 %, celui-ci plafonne à 5,6 % depuis quelques années et la consommation d’éthanol stagne. Outre l’ouverture de nouvelles pompes distribuant du SP95-E10 contenant jusqu’à 10 % d’éthanol qui n’est distribué que dans 40 % des stations-service, la CGB plaide pour un aménagement de la fiscalité. Elle souhaiterait augmenter l’écart de prix actuellement de 5 cts par rapport au SP95 pour dynamiser les ventes en jouant sur le différentiel de taxation.
Recette en baisse
En attendant, la récolte 2014 se solde par de bons rendements. Avec 93 tonnes/ha à 16 % de richesse en sucre, ils sont supérieurs à la moyenne quinquennale (89 t/ha) et se situent en troisième rang historique. La production de betterave quant à elle va atteindre 37,6 millions de tonnes, soit la deuxième performance après 2011, en lien avec l’augmentation des surfaces qui se sont établies à 405 000 hectares. Mais compte tenu de la baisse du prix du sucre sur les marchés internationaux, la recette betteravière 2014-2015 sera en baisse. D’ores et déjà le supplément de prix aux betteraviers qui porte sur la récolte 2013 et qui sera versé en mars prochain ne devrait être que de 8 €/t, contre 13,9 €/t l’année précédente. Et pour l’année 2015, la CGB propose de réduire de 5 % les surfaces contractualisées pour ajuster la production aux débouchés en attendant de s’exonérer, d’ici 2017, des contraintes liées au système des quotas qui limite les débouchés sur l’Union européenne et les pays tiers.
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