Les coopératives dénoncent les entraves à leur compétitivité
Les coopératives sont prêtes à jouer la carte de la croissance mais elles sont pénalisées par l’accumulation des taxes et des réglementations diverses et variées qui brident leur compétitivité. Pour son congrès qui s’est déroulé les 17 et 18 décembre à Paris, Coop de France avait retenu la création de valeur comme fil conducteur de ses travaux. Philippe Mangin, le président, l’a rappelé au ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et la secrétaire d’Etat à l’Economie sociale et solidaire, Carole Delga, qui sont intervenus devant les congressistes. Pour y parvenir, le président a notamment insisté sur la nécessité de jouer la carte de l’innovation, de la recherche souvent malmenées «par la culture des peurs» et l’application excessive du principe de précaution. Sans investissement non plus, aucune reprise de la croissance ne sera possible, estime le président. C’est d’ailleurs le manque d’investissement dans l’ensemble des industries agro-alimentaires qui est à l’origine d’une croissance nulle en 2014 et d’une prévision de repli en 2015, même si le secteur coopératif résiste mieux. «Sur les 15 dernières années, les coopératives ont augmenté leur part dans les industries alimentaires de 7 % et représentent désormais 40 % du chiffre d’affaires de l’agroalimentaire. D’ailleurs un tiers des marques alimentaires portent désormais les couleurs de la coopération», se félicite Philippe Mangin. Autre levier de croissance l’international où les possibilités de débouchés "sont extraordinaires», notamment en Asie et en Afrique, en raison de la croissance démographique et de l’élévation du niveau de vie. Sans parler de l’Europe «qui constitue notre terrain de jeu naturel». Ici aussi, le positionnement de la France s’essouffle et «le recul de l’agroalimentaire atteste la perte de compétitivité» de la ferme France et de son agroalimentaire. Voilà pour le diagnostic. La responsabilité de cette situation en incombe en grande partie aux pouvoirs publics qui accumulent les réglementations qui pèsent sur les entreprises, estime le président. Ainsi pointe-t-il le coût du travail plus élevé en France que chez nos principaux concurrents. Même si des progrès ont été réalisés dernièrement. A défaut d’être éligibles au CICE, les coopératives vont bénéficier de la suppression de la C3S à partir du 1er janvier 2015. Carole Delga, pour sa part, a confirmé la suppression des charges sociales patronales sur les salariés payés au Smic dès l’an prochain.Usine à gaz Le président vise aussi la fiscalité. Certes il s’est félicité de l’abandon de l’écotaxe. Mais c’est aussitôt pour déplorer la montée en puissance de la contribution climat énergie en 2015 puis en 2016 avec un rendement prévu de 4 milliards d’euros. Autre point de fixation et non des moindres : le compte pénibilité : «une véritable usine à gaz». Et Philippe Mangin d’annoncer que «les coopératives n’appliqueront pas le dispositif s’il n’est pas aménagé». Réponse rassurante de Stéphane Le Foll : Il faut que cela soit simple, nous sommes prêts à des améliorations». Carole Delga est sur la même ligne : «nous allons travailler en 2015 pour construire des conditions d’application acceptables». Il est un sujet sur lequel la coopération et les pouvoirs publics se retrouvent, c’est celui des relations avec la grande distribution. Philippe Mangin a dénoncé «les conséquences désastreuses de la guerre des prix et de la destruction de valeur» sur toute la chaîne agroalimentaire. Stéphane Le Foll a renchéri «sur cette logique de déflation» qui commence à frapper les grands groupes. Carole Delga insistant, pour sa part, sur les contrôles et les actions en justice que le gouvernement est prêt à engager «parce que ceux qui ne respectent pas la loi doivent être sanctionnés». Tous espèrent en tout cas le comité de suivi des relations commerciales mis en place par les pouvoirs publics, dans la foulée de la loi Hamon, parviendra à moraliser les discussions, en particulier pour les négociations tarifaires en cours. En attendant et pour montrer sa bonne volonté, Philippe Mangin a annoncé que Coop de France allait signer le pacte de responsabilité de la filière agricole.
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