Les volaillers français face aux importations
L'Association nationale des volailles de chair (ANVOL), qui représente l'interprofession, a lancé un manifeste pour reconquérir le marché national, mais la tâche n'est pas facile car il faut affronter des concurrents étrangers redoutables tout en faisant la promotion du modèle d'élevage français face aux attaques malveillantes des associations vegan comme L214.
«Il faut se battre à la fois sur le plan économique et sociétal, renouveler les bâtiments pour être plus performant, améliorer le bien-être animal et augmenter l'offre de volailles françaises», déclare Jean-Michel Schaeffer, président de l'ANVOL. Mais la construction de nouveaux poulaillers, même en bio, suscite régulièrement des oppositions, accompagnées parfois de paroles cruelles sur les familles d'éleveurs. D'où l'appel de l'ANVOL en direction des maires pour faciliter le dialogue.
100 000 tonnes importées par mois
L'élevage français reste encore familial, en polyculture, avec en moyenne 40 000 volailles par exploitation, soit trois fois moins que dans les autres pays européens. Quant au Brésil ou à l'Ukraine, nos autres concurrents, les fermes-usines rassemblent souvent un million de volailles par site.
Résultat, le prix de revient sortie abattoir est de 2,20 EUR le kilo en Ukraine contre 4,90EUR en France pour le poulet standard et 12,30 EUR pour le poulet Label Rouge. L'Union Européenne est ainsi devenue la première zone d'importation de volailles au monde. Elle en achète près de 100 000 tonnes chaque mois. A l'occasion d'un récent voyage de presse dans les Pays de la Loire, Gilles Huttepain, vice-président de l'Anvol, s'est insurgé contre «les attaques injustes des associations de défense des animaux. Pas un mot sur les élevages intensifs à l'étranger. On fait de l'agribashing mais uniquement contre les Français». Pourtant, grâce au «Pacte Ambition 2025», la France compte désormais 20 % d'élevages en plein air, contre 5 % en Europe. L'utilisation des antibiotiques a diminué de 60 % en 15 ans.
Les efforts pour améliorer le bien-être animal se poursuivent. Alexandre Plu est éleveur à Tennie dans la Sarthe. Tout en faisant du poulet standard, il a investi 25 000 euros dans chacun de ses sept bâtiments pour y monter des fenêtres et apporter de la lumière. En dix ans la densité des animaux a baissé. Il élève aujourd'hui 25 000 poulets au lieu de 30 000 par bâtiment de 1 300 mètres carrés.
Origine du produit
L'autre particularité de l'élevage français est sa diversité. On fait à la fois du poulet, de la dinde, des cailles, du canard ou de la pintade. Les productions sous signe de qualité, comme le Label Rouge ou le bio, représentent le quart de la production. Mais leur consommation reste stable depuis une dizaine d'années. Pour les fêtes de Noël les consommateurs achètent majoritairement des dindes fermières ou des chapons engraissés en France. C'est bien évidemment la volaille standard qui est le plus concurrencée par les importations, surtout dans la consommation hors foyer. D'où les demandes réitérées d'indiquer l'origine du produit dans la restauration commerciale et les cantines. Mais malgré les demandes des consommateurs le décret se fait toujours attendre. «Si la volaille française ne parvient pas à regagner le marché intérieur elle continuera à perdre chaque année 5 % de ses surfaces de bâtiments» regrette Benoît Drouin, vice-président des Fermiers de Loué.
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