Maladies fongiques : une double-menace pour les abeilles
Conséquence : une baisse de 10 à 30% des populations dans les ruches
Une menace peut en cacher une autre. Si les champignons nuisibles peuvent affecter directement la santé des abeilles, ils ont aussi une conséquence indirecte en réduisant la biodiversité et donc la qualité du bol alimentaire des butineuses qui impacte leurs défenses immunitaires. Les professionnels de l'apiculture et de l'agriculture lancent un appel pour soutenir et amplifier la recherche.
Les ravages du Nosema ceranae
Champignon interne qui se développe dans les cellules de l'intestin, Nosema ceranae fait partie des principaux facteurs de la surmortalité des abeilles. Originaire d'Extrême Orient, il provoque d'importants dégâts sanitaires dans les ruches. Compte tenu de l'absence de symptômes spécifiques, Nosema ceranae est très difficile à voir à l'oeil nu. Il provoque une perturbation endocrinienne au sein des colonies et sert de porte d'entrée à des virus, comme celui de la maladie noire. Phénomène inquiétant, Nosema ceranae s'avère plus actif dans le sud de la France que dans le nord. Le changement climatique peut faire craindre un développement croissant de ce champignon face auquel les apiculteurs sont démunis. Si les américains utilisent la fumagilline pour y faire face, cet antibiotique est interdit en France. Les apiculteurs de l'hexagone sont démunis et ne peuvent agir que sur l'hygiène et la sélection des reines.
Développement des maladies fongiques
Le défi climatique ravive donc la crainte des apiculteurs face aux maladies fongiques qui affectent leurs colonies. On estime qu'environ 10% des ruches françaises seraient atteintes par des maladies fongiques, sans compter Nosema ceranae. Le couvain plâtré en est une illustration depuis déjà de nombreuses années. Ascosphera apis est un champignon qui se développe sur les larves et qui entraine leur mort. Conséquence : les experts estiment que la dynamique de population est freinée de 10 à 30% selon le taux d'infestation. Certaines races y sont plus sensibles comme l'abeille noire française. Plus rare, le couvain pétrifié est lui observé en présence d'un autre champignon, Aspergillus. Maladie du couvain, l'aspergillose menace aussi les abeilles adultes. Elle peut également contaminer l'homme via une affection du système respiratoire. De plus ce champignon produit des mycotoxines cancérigènes qu'on retrouve en particulier dans la zone intertropicale et en Chine. Les apiculteurs pouvant y être exposés doivent donc être vigilants.
Réduction du bol alimentaire : la double-peine
Dopées par le changement climatique, les maladies fongiques affectent également les abeilles d'une manière indirecte et insidieuse. Les végétaux sont en effet exposés eux aussi à ces champignons. Si les espèces sauvages ne peuvent être protégées, c'est toutefois le cas pour les productions agricoles qui contribuent fortement au bol alimentaire des abeilles. Les années fastes, les oléo-protéagineux (colza et tournesol notamment) assurent environ les deux-tiers de la production de miel en France directement ou indirectement en contribuant au développement des colonies permettant de récolter d'autres miellées. Les moyens de lutte existent. Pour être efficaces, les agriculteurs doivent avoir à leur disposition une large palette d'outils adaptés à toutes les situations en prenant notamment en compte les conditions pédoclimatiques. Les difficultés techniques rencontrées par les agriculteurs font craindre une réduction de ces cultures agricoles mellifères pourtant indispensables à l'alimentation des abeilles et à la production de miel. La ressource alimentaire en pollen et en nectar est par ailleurs indispensable au maintien de la défense immunitaire des abeilles. Bien alimentées, les abeilles sont en meilleure santé et elles peuvent mieux résister face au Varroa, aux pathologies, aux virus et à toutes les formes de pollution. C'est donc tout l'équilibre de la filière apicole qui se retrouve aujourd'hui menacé par le développement des maladies fongiques accéléré par le changement climatique.
« Il y a urgence. Alors que les experts de l'ONU sur le biodiversité (IPBES) viennent de publier un rapport alarmant sur la biodiversité, il est indispensable d'agir concrètement par des politiques publiques françaises et européennes à la hauteur des enjeux. La recherche doit être soutenue et amplifiée pour offrir aux apiculteurs et aux agriculteurs des moyens de lutte efficaces contre les maladies fongiques. Il faut une réponse collective et ambitieuse » souligne Philippe Lecompte, apiculteur professionnel bio et Président-fondateur du Réseau Biodiversité pour les Abeilles.
Perrine (02) | 22 juin 2019 à 06:49:09
Les abeille vont finir par disparaître et ce sera une véritable catastrophe écologique (et humaine n'en doutons pas). Nous devons être vigilants, TOUS !
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