Pomme de terre fécule : comment la France liquide à bas bruit une filière agricole souveraine ?
Face au plongeon économique que connait la filière pomme de terre destinée à la fécule, l’UNPT appelle les producteurs à se mobiliser le 8 février prochain à l’appel de la FNSEA Grand Bassin Parisien pour faire entendre leurs revendications auprès du Gouvernement.
Le chemin de la désindustrialisation et de la décroissance agricole se poursuivra-il inlassablement ? C’est la triste intuition qui traverse les producteurs de pommes de terre de fécule qui fournissent les deux dernières féculeries françaises (dans la Somme et la Marne) productrices d’amidons de grande pureté destinés à fournir l’industrie agroalimentaire, pharmaceutique (composition du Doliprane, de l’Advil, etc.), cosmétique (rouges à lèvres), papetière, etc. Alors que la filière «féculière» se remet difficilement d’une crise post-Covid où les prix mondiaux de la fécule se sont effondrés, la filière essuie maintenant de pleine fouet une crise climatique qui impacte très fortement les rendements nationaux, les faisant plonger en 2022 à 39,5 tonnes par hectare ; le plus faible rendement jamais enregistré.
Résultat : la production est en baisse de 28 % en un an et les producteurs se questionnent légitimement quant à l’avenir de la production en France. Alors que les surfaces ont déjà reculé de 12 % en 2022, 2023 inaugurera une nouvelle baisse d’environ 15 % avec 2 500 hectares de moins ! Moins de surfaces, moins de rendements, c'est moins de volumes pour les deux usines françaises de transformation traitant la pomme de terre fécule qui sont directement menacées de fermeture par ce décrochage des surfaces alors que leur rentabilité industrielle est déjà fragilisée depuis des années. Face au plongeon d’une filière toute entière, qui contribue pourtant positivement à notre balance commerciale à hauteur de 60 millions d’euros par an, l’UNPT continue d’alerter les pouvoirs publics de la gravité de la situation pour notre souveraineté alimentaire et industrielle. Après l’espoir né de la rencontre avec le Ministre de l’Agriculture, le 2 septembre dernier, de revaloriser les aides couplées «fécule» à hauteur 500 euros de l’hectare au lieu de 80 euros actuellement, afin d’inciter exceptionnellement les producteurs à maintenir leurs surfaces (soit 10 millions d'euros sur un budget PAC de 11 milliards !), le constat après 6 mois est amer : rejet de l’ensemble des propositions portées par les producteurs pour maintenir les surfaces via une aide directe.A l’image de la filière betterave-sucre en grand danger, les producteurs de fécule se retrouvent aussi au pied du mur face à l’indifférence du Gouvernement qui entraine le pays vers une dépendance à la fécule étrangère.
Appel à manifester mercredi 8 février à Paris
Pour manifester la colère de la filière fécule, l’UNPT appelle l’ensemble des producteurs de pommes de terre à se joindre à la manifestation nationale lancée à l’initiative de la FNSEA Grand Bassin Parisien le 8 février prochain à Paris. L’UNPT ne se résignera pas à abandonner une filière agricole souveraine et attend de la part du Gouvernement, une réponse à la hauteur de la crise historique que traverse le secteur féculier national.
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