Production mondiale en hausse mais européenne en repli
La culture a le vent en poupe en Amérique du Nord et dans les pays du Maghreb. L’engouement faiblit en France et en Italie. FranceAgriMer a présenté au conseil spécialisé céréales du 12 décembre un focus sur les marchés mondiaux et européens du blé dur, particulièrement atypiques durant cette première partie de campagne 2018/2019. La production mondiale est projetée à 38 millions de tonnes (Mt), en hausse de 1 Mt par rapport à la campagne précédente. Les stocks mondiaux sont attendus en fin de campagne à 10,3 Mt (+5 %). Le Canada, premier producteur au monde, devrait engranger une récolte de 5,7 Mt, en progression de 15 % en un an, ses stocks devraient passer de 1,5 à 1,9 Mt. L’augmentation des surfaces, portées à 2,5 millions d’hectares, a plus que compensé la baisse des rendements (2,5 t/ha). Constat inverse aux Etats-Unis qui ont vu leurs surfaces de blé dur chuter à 800 000 ha mais leur production bondir de 1,5 à 2,1 Mt en raison de bons rendements. Le stock américain en fin de campagne devrait atteindre 1,2 Mt (+20 % en un an). Avec 3,15 Mt, la production algérienne a atteint un niveau record (+ 57 % par rapport à la récolte 2017). Le Maroc (+10 % à 2,42 Mt) et la Tunisie (+ 4 % à 0,96 Mt) ont également enregistré des productions en hausse. Conséquence directe : les importations de blé du Maghreb devraient baisser de 10 % au cours de la campagne 2018/2019 à 2,73 Mt.La génétique, porteuse d’espoirs Pour le blé dur européen, c’est en revanche la douche froide. La production, estimée à 8,76 Mt, a fléchi de 6 % en 2018. Avec 4,1 Mt (-100 000 t), l’Italie reste le premier producteur européen. La France est loin derrière. Sa production, de l’ordre de 1,7 Mt, en diminution de 17 % en un an, reste toutefois proche de la moyenne quinquennale (1,8 Mt). Si le Centre et l’Ouest Océan ont été peu touchés par la baisse des récoltes, les deux bassins du Sud de la France ont subi de lourdes pertes (-32 % en un an dans le Sud-Ouest et -26 % dans le Sud-Est). Pour la campagne 2019/2020, on s’attend à un nouveau repli de la production hexagonale, en raison d’un recul des surfaces de 11 %, selon les prévisions du ministère de l’Agriculture au mois de décembre. Lancé en 2014, le plan de relance du blé dur en France a donc du plomb dans l’aile. Rappelons qu’il vise à développer les surfaces dans tous les bassins de production, pour atteindre 600 000 hectares en 2025, et renouer avec une production annuelle de 3 à 3,5 Mt. Le faible différentiel de prix avec le blé tendre depuis quelques mois n’est pas la seule cause de la désaffection des agriculteurs français pour le blé dur. « C’est une céréale qui ne se cultive pas en toute sécurité », explique Rémi Haquin, président du Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer. Pour l’instant les efforts des sélectionneurs pour mettre au point des variétés aptes à répondre aux attentes des producteurs (rendement, résistance aux maladies…) et aux exigences qualitatives des utilisateurs, n’ont pas porté entièrement leurs fruits. La génétique devra sans doute apporter des solutions bassin de production par bassin de production.
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