Regard sur les comportements de demain
Le Salon de l’Agriculture a été l’occasion pour les acteurs du Contrat de filière alimentaire en 2017 de présenter les résultats d’une étude prospective commandée et financée par le ministère de l’Agriculture. La table ronde du 1er mars a mis en avant l’objectif d’évoluer vers une adaptation conjointe à la demande future des consommateurs. «Ce n’est plus un message de la fourche à la fourchette mais bien de la fourchette à la fourche», résume Pascal Viné, délégué général de Coop de France, devant les évolutions du marché. «Cette étude a été faite de manière collective avec l’ensemble de la filière» rappelle Catherine Chapelain, directrice générale de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), et a permis d’établir seize fiches de tendances et impacts. Parmi elles, la santé semble arriver en tête des préoccupations de demain : «le consommateur veut peut-être consommer moins, mais consommer mieux», remarque Bertrand Oudin, directeur des études de Blezat consulting, qui a réalisé l’étude prospective. Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), souligne ainsi une spécificité française avec 87 % des Français qui font le lien entre alimentation et santé, quand cette proportion dépasse à peine les 50 % en Grande-Bretagne. Cette tendance se traduit par des comportements qui doivent être anticipés par les grandes entreprises internationales : elles se tournent d’ores et déjà vers les PME et les filières biologiques. Pascal Viné compte à ce titre 550 coopératives impliquées dans ce type d’agriculture. D’autre part, pour beaucoup qualité rime avec proximité. Isabelle Fillaud, chef de département de la Confédération générale de l’alimentation du détail (CGAD), en fait l’expérience tous les jours tout comme Hugues Pouzin, directeur général de la Confédération du commerce de gros et international (CGI) : «j’ai la faiblesse de croire que le commerce de gros est un acteur du circuit-court» confie-t-il.
Le digital comme élément clé
La révolution digitale a contribué à inverser les rôles : «le consommateur a désormais le pouvoir», affirme Catherine Chapalain. Il devient un consommateur multiple, combinant de manière pas forcément contradictoire «à la fois le ‘prêt-à-manger’ et le ‘faire soi-même’» relève Mme Chapalain. Ce changement de comportement, les commerçants doivent le saisir au plus vite en créant notamment leur site Web et en faisant géolocaliser leur lieu de travail : «on ne peut pas se contenter d’attendre le client dans son magasin» témoigne Isabelle Fillaud. Par ailleurs, le numérique représente u ne sécurité en terme d’approvisionnements de proximité tout en propulsant la restauration dans l’ère de l’ubérisation avec des plateformes de distribution telles Foodora : «on voit, nous, sur Paris, des restaurants qui se créent sans salles de restauration», nous apprend le directeur de la CGI. Enfin, cette révolution remonte bel et bien jusqu’à la fourche. Ainsi, Pascal Viné rappelle que «les agriculteurs sont aussi des entrepreneurs, ils ont envie d’être en contact avec leurs clients».
S’adapter à la baisse de consommation de viande
«Il faut raison garder par rapport à la thématique vegan […] mais ça a des effets multiplicateurs» synthétise Bertrand Oudin à propos de la diminution de consommation de protéines animales, tout en admettant le fait que «le rapport à l’animal est en train de changer». Les réponses existent face à cette tendance. D’abord, selon Hugues Pouzin, le consommateur a besoin d’être rassuré quant à l’authenticité des produits face à la multiplication des scandales alimentaires. Ainsi, «le restaurateur peut très bien raconter l’histoire du produit», propose-t-il. Isabelle Fillaud, elle, insiste sur la nécessité de «continuer à faire du qualitatif», seule garantie pour sauvegarder les secteurs impactés : la boucherie et la charcuterie. Catherine Chapalain partage son point de vue et conclut : «la réponse des acteurs économiques est dans l’innovation et la qualité».
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