Rencontres autour des recherches sur les ruminants : dessine-moi la France laitière après les quotas
Les quotas laitiers et les choix faits par la France pour leur application ont maintenu une grande diversité d'exploitations dans un grand nombre de territoires. Le 1er avril 2015, les quotas laitiers disparaissent. Quel impact sur la France laitière ? C'est à cette question que Christophe Perrot de l'Institut de l'Élevage a répondu aux dernières rencontres sur les recherches sur les ruminants (3R) à partir d'une étude cosignée Institut de l'Élevage, Inra, FranceAgriMer. En 1984, lors de la mise en place des quotas laitiers, il y avait 380 000 exploitations laitières en France, aujourd'hui, elles sont environ 68 000 pour une production à peu près équivalente. Combien seront-elles à l'échéance de 2020 ? De 2030 ? L'application "à la française des quotas" a fixé la production laitière dans les territoires. Vers quelles régions la production laitière est-elle en train de se déplacer ? 30 % des vaches dans des exploitations de plus de 100 vaches Les quotas laitiers disparaîtront au 1er avril 2015 mais les évolutions sont déjà largement amorcées. Depuis les années 2000, les élevages de plus de 100 vaches sont de plus en plus nombreux, ils regroupaient 3 % des vaches en 2000, ils en rassemblent désormais 16 %, plus de 25 % dans certaines zones de polyculture-élevage, jusqu'à 36 % en Vendée ou 39 % dans la Vienne (contre un peu plus de 50 % en Allemagne du nord). Ainsi, dans la perspective de la disparition des quotas laitiers, l'augmentation de la taille des élevages laitiers français s'accélère avec des évolutions différentes selon les territoires et une taille moyenne qui reste inférieure à celle des pays du nord de l'Europe. L'étude prévoit qu'en 2020, 30 % des vaches laitières françaises pourraient être dans les exploitations de plus de 100 vaches. En parallèle, l'écart entre plaine et montagne se creuse. Entre 2008 et 2013, les élevages de montagne ont gagné en moyenne 26 000 litres pour un quota moyen de 226 000 litres et ceux de plaine 47 000 litres pour un quota moyen de 380 000 litres. Depuis 2007, et le doublement des prix des céréales, la collecte a augmenté dans les zones de polyculture-élevage à bonne densité laitière et baissé dans les zones de faible densité. Selon l'étude, cette évolution devrait se poursuivre, le recul pouvant être plus fort dans certaines zones de polyculture- élevage qu'en montagne qui va continuer à bénéficier de transfert d'aides directes dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune (PAC).
Gérer la volatilité des prix et investir dans les bâtiments
La France est aujourd'hui le troisième exportateur européen de produits laitiers, le deuxième sur les pays tiers derrière les Pays-Bas. Alors que la demande mondiale est toujours attendue en croissance, la capacité à faire face à la volatilité des prix reste le grand enjeu. Le niveau de la production future dépendra fortement de l'écart entre prix du lait et alimentation dans des exploitations qui continueront à produire avec de l'herbe et du maïs, mais aussi de la capacité des producteurs à mieux valoriser les facteurs limitants que sont les bâtiments, les équipements, la main-d'œuvre et les surfaces. La poursuite des évolutions actuelles amène à 55 000 exploitations en 2020 gérant le même nombre de vaches laitières qu'en 2013 soit 3.7 millions et il faudra une politique volontariste de 1 500 installations par an pour maintenir 36 000 exploitations à l'horizon 2035. Ce mouvement suppose un accompagnement pour permettre au secteur de reloger 1 million de vaches laitières à l'horizon 2030 dans 40 000 exploitations et d'investir près de 800 millions d'euros par an dans les bâtiments et équipements.
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