Traitements en floraison : une mesure aberrante de plus
Luc Smessaert, vice-président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
Cela fait des mois que nous ne cessons de dénoncer l'empilement de mesures réglementaires totalement déconnectées de la réalité. C'est d'ailleurs l'objet principal de la stratégie syndicale actuelle, des huit points durs définis par le Conseil fédéral de la FNSEA et de l'appel à mobilisation dub 5 novembre prochain. Le Ministre de l'agriculture et les plus hautes autorités de l'Etat disent nous entendre. Mais apparemment ils ne nous ont pas encore compris.
Dernier exemple en date, les toutes dernières propositions de l'administration concernant les conditions d'utilisation des insecticides et acaricides en vue de protéger les abeilles et autres pollinisateurs : traitement seulement depuis le coucher du soleil jusqu'à 3 h après et d'éventuelles dérogations 2 heures avant le coucher du soleil.
Ces propositions sont inacceptables, inapplicables et participent à cet empilement de réglementations toujours plus contraignantes.
Nous sommes bien entendu les premiers à savoir que nous n'avons rien à gagner à détruire les abeilles et que nous avons besoin de pollinisation. Des pratiques en ce sens sont déjà appliquées pour les colzas, les féveroles, les plantes mellifères et de nombreux accords entre apiculteurs et agriculteurs existent.
Mais au lieu de partir de ce constat, l'administration vient toucher aux conditions d'exercice du métier sans se soucier des conséquences éventuelles. Voilà l'exemple parfait que l'idéologie et le dogmatisme sont toujours à l'oeuvre. Car disons-le, obliger tous traitements insecticides depuis le coucher du soleil jusqu'à 3 heures après est un non-sens.
Il est incompréhensible d'appliquer des restrictions à des cultures non attractives (les céréales à paille, les pommes de terre, les betteraves, ray grass). Et puis traiter la nuit cela signifie aussi avoir du personnel pour cela mais plus cher parce qu'au tarif de nuit ; vu la conjoncture, est-ce bien raisonnable ? Sans parler des relations de voisinage qui deviendraient de plus en plus difficiles à gérer. Après l'anémomètre, le pluviomètre, l'hygromètre, le calendrier de la Poste nous indiquant l'heure du coucher du soleil doit-il être un outil de travail obligatoire ?
Nous ne tolérons plus que l'administration donne des leçons sans regarder la réalité du terrain. Pour les abeilles, il faut s'intéresser à l'état sanitaire des ruches et l'infestation par Varroa notamment. Il faut aussi considérer le déficit de plantes attractives de juin à septembre.
Il est plus que temps que l'on regarde les agriculteurs comme des personnes responsables, prenant totalement en compte la biodiversité et les abeilles et faisant évoluer leurs pratiques en conséquence.
Une évolution pragmatique de la réglementation limitée à des recommandations par cultures. Voilà une nouvelle revendication claire et précise. Comme les autres, nous la portons auprès du Gouvernement et demandons des réponses et solutions d'ici le 5 novembre.
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